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Quel cas cet Edika !

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© Edika
François Lestavel

Le dessinateur publie « Héroïques loosers », son 34e album. Rencontre avec le maître de l’humour absurde.

Hamster psychanalysé, vamps tous seins dehors, érotomanes sous Viagra et tracteur tombé du ciel : les nouvelles trouvailles que nous réservent les délirantes aventures de Bronsky Proko et de sa famille ­mettent à rude épreuve nos zygomatiques. Pourtant, lorsqu’on rencontre l’incroyable « serial gagueur »,
on ­découvre un homme pudique et réservé, d’une touchante humilité.

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C’est au Liban, où il a vécu pendant quinze ans, que tout a vraiment commencé. Edouard Karali tombe sous le choc chez son kiosquier en découvrant le magazine « Fluide glacial ». Un humour déjanté qui lui correspond, mais n’a pas encore cours en Orient. Le natif d’Héliopolis (Egypte), se ­résout alors à travailler comme aide-dessinateur dans une boîte de pub, faute de convaincre en tant qu’auteur de BD : « Quand j’essayais de proposer des planches, on me répondait : “Monsieur, vous êtes un peu trop en avance sur votre temps !” »

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En 1976, son frère cadet Paul, qui signe déjà des dessins sous le nom de Carali, le pousse à le rejoindre en France ; il se lance alors dans l’aventure sous le nom d’Edika. « Il y avait une telle liberté ici, j’avais l’impression que l’on pouvait tout faire, se souvient-il. Le moindre petit dessin provoquait l’émerveillement ! »
Après quelques détours par « Métal hurlant » et « Pif », Edika atteint le nirvana en 1979, lorsqu’on lui propose de coloriser un album de Gotlib. « C’était terrible la première fois que je l’ai vu en chair et en os, avec ses ­lunettes noires, je tremblais, j’ai dit des bêtises… »

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Très vite, le sens comique débridé de ce fan de Jerry Lewis en fait un des piliers de « Fluide glacial ». Et le chat, Clark Gaybeul, avec son indispensable slip et sa fâcheuse habitude de ­vomir à tout-va, impose sa patte ­burlesque. Edika devient le chouchou des lecteurs qu’il gâte en truffant chaque page de détails et de clins d’œil irrésistibles. Son plus grand ­plaisir : se mettre en scène en auteur ­désespéré de ne pas trouver de chute à ses histoires… illogiques. « C’est ­extrêmement sérieux de trouver une idée qu’on sent incontournable, avoue-t-il. Je m’en fous alors du reste de l’histoire. Même si je n’ai pas une suite, il faut qu’elle passe. C’est peut-être de la vantardise de ma part, mais désormais je sais que je vais toujours trouver un moyen de m’en sortir… »

« Vantardise » vite tempérée. Depuis son premier album, « Débiloff profondikoum », cet éternel angoissé s’inquiète en effet chaque année un peu plus. « Avec le temps, je suis de moins en moins confiant. Comment continuer à surprendre ? Je suis un ancien et c’est de plus en plus dur de me mettre à ma table. Tous les mois, je me dis que je suis fini… » Que l’humble
et facétieux auteur de 70 ans se ras­sure : en BD, il n’y a pas de date de ­péremption. Ou alors, ­jamais avant 77 ans !

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« Héroïques loosers », éd. Fluide glacial, 10,40 euros.

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