Juger les criminels de guerre : épisode • 2/5 du podcast Céline Bardet, une juriste pas comme les autres

Drazen Erdemovic ajustant ses écouteurs durant son procès, au Tribunal pénal international de La Haye, le 29 novembre 1996 ©AFP - STR / ANP / AFP
Drazen Erdemovic ajustant ses écouteurs durant son procès, au Tribunal pénal international de La Haye, le 29 novembre 1996 ©AFP - STR / ANP / AFP
Drazen Erdemovic ajustant ses écouteurs durant son procès, au Tribunal pénal international de La Haye, le 29 novembre 1996 ©AFP - STR / ANP / AFP
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Céline Bardet fait ses études de droit pendant la guerre en ex-Yougoslavie. Elle fait son mémoire de recherche sur un homme de son âge condamné par le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie à La Haye, où elle est embauchée à 27 ans. Elle y découvre la justice pénale internationale.

Avec
  • Céline Bardet Juriste et enquêtrice criminelle internationale, fondatrice et directrice de l’ONG "We are Not Weapons of War"

C’est un reportage au journal télévisé un soir qui la met sur le chemin du croate  Drazen Erdemovic, le premier criminel de guerre à avoir été jugé et condamné par le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie à La Haye. Elle décide de consacrer son mémoire de recherche à cet homme, fort de toute la complexité de ce qu’on appelle un « criminel de guerre »… « En 1995, Drazen Erdemovic avait participé au massacre de Srebrenica, en Bosnie Herzegovine où plus de 8000 personnes ont été exécutées en quelques jours. Il a fait partie des pelotons d'exécution mais il a été forcé à le faire. Le deuxième jour, il a refusé de tirer et a été tabassé et laissé pour mort. (...) Il a eu un rôle très important car il était le premier témoin du massacre Srebrenica, au moment où personne ne comprenait ce qui s'était passé. » Cette histoire a beaucoup marqué  Céline Bardet, elle est toujours animée par le désir de comprendre ce qui fait basculer d'un côté ou de l'autre : « qu'est-ce qui fait que l'on est un résistant, qu'est-ce qui fait que l'on est un criminel guerre ? A-t-on toujours le choix ? »

Peu de temps après, par un concours de circonstances, elle se retrouve au TPIY. Le premier dossier sur lequel elle a travaillé est celui d’un criminel serbe, Goran Jelisic, qui se faisait appeler « Adolf ». Là encore se pose la question du basculement : « Jelisic : l'homme qui parlait à son révolver. Il était le gardien du camp de Brčko.  Il faisait exécuter les gens à côté d'une plaque d'évacuation de façon à ce que le sang s'écoule à travers cette plaque car il avait une phobie du sang. Il a été condamné à 40 ans de prison pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre. »

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Comment juger les criminels de guerre ? « On ne peut pas juger un criminel pendant la guerre. On a besoin d'un minimum de recul pour analyser le contexte, et pour comprendre ce qui s'est passé, pour juger au plus juste », analyse Céline Bardet. Que peut la justice pénale internationale ? Quelle place a-t-elle dans le processus de réconciliation, voire de paix, au sein d’un pays ? C’est toute la question qui se pose trente ans après la mise en place des tribunaux internationaux et vingt ans après l’instauration de la Cour pénale internationale…

Générique

Une série d’entretiens proposée par Caroline Broué. Réalisation : Guillaume Baldy. Chargée de programmes : Daphné Abgrall. Prise de son : Alexandre Abergel. Coordination : Sandrine Treiner.

Pour aller plus loin

Céline Bardet - Après les crimes de guerre, une réconciliation possible ? Céline Bardet à TEDxParis, en octobre 2012.

Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie

Le site de l’ONG We are not Weapons of War (WWoW)

Bibliographie

Zones sensibles. Une femme contre les criminels de guerre (Ed. Toucan, 2011).

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